Traite des mineurs en Europe de l'Ouest : processus et stratégie



Traite des mineurs roumains migrants : processus d’exclusion, types d’exploitation et stratégies d’adaptation


Publié dans le Journal du Droit des jeunes en mars 2012

Introduction

Depuis les années 2000, les Roms migrants de Roumanie sont régulièrement présentés comme minorité problématique. Plusieurs pays d’Europe dont l’Italie et plus récemment la France utilisent d’ailleurs leur image négative pour occuper opportunément la scène politique et médiatique. Si cette tendance a connu de nombreux précédents historiques, le mythe d’une minorité composée de millions d’individus vivant dans la misère et réfractaires à tout changement semble s’être solidement installé dans les opinions publiques européennes. Outre, leur image de miséreux, les Roms sont aussi présentés comme bourreaux légitimant, alors, les attitudes discriminantes et xénophobes à leurs égards. Ce cliché repose en grande partie sur la présence supposée de réseaux organisés exploitant des enfants roms.

C’est justement la question de ces mineurs présentés comme délinquants et/ou victimes de TEH que nous allons développer dans cet article. Loin de se limiter à un objet politique sans prise avec le réel, son étude met en lumière les corrélations entre politiques institutionnelles et stratégies d’adaptation des populations. La problématique qui nous anime ici est : en quoi cette interaction est-elle génératrice de conduites communautaires, familiales ou individuelles produisant des situations d’exploitation de mineurs ?

Nous commencerons par observer les changements socio-économiques qu’a connus la Roumanie de 1990 à nos jours afin d’analyser les migrations des campagnes roumaines et leur conséquence sur la TEH des mineurs. Nous décrirons ensuite les formes d’exploitation subies par les mineurs roumains grâce à l’étude de données de terrain en région parisienne. Enfin, nous nous intéresserons aux les effets du traitement institutionnel de la TEH en France et ses conséquences sur les comportements des mineurs victimes.

Les données de terrain utilisées se limitent à la région parisienne sur la période 2007 – 2010.  Elles proviennent en grande partie de l’association Hors la Rue[1] où j’ai exercé mon activité professionnelle jusqu’en 2011. Elles sont complétées, par celles du parquet des mineurs de Paris et de l’Agence nationale roumaine de lutte contre le trafic des êtres humains (ANITP). L’échantillon porte sur une centaine de jeunes suivie par l’association et dont des éléments sur la famille et le parcours migratoire ont pu être recueillis lors d’entretiens. C’est principalement l’étude de ces données qui m’a permis de décrire les stratégies des mineurs migrants victimes de Traite des Etres Humains (TEH).

Avant de poursuivre, il convient de définir ce que nous entendons par traite des mineurs. D’après les différents textes internationaux de référence[2] sur la question je propose la définition suivante : tout mineur devant rapporter de l’argent à des tiers, en dehors de ce qui est prévu par la loi, et / ou en offrant des services sexuels avec ou sans contrainte et quel que soit le type de rémunération, est considéré comme mineur victime de traite des êtres humains.


1/ Contexte politique et stratégie d’émigration des campagnes

I/ Redistribution des cartes sociales et apparition de stratégies de migration

a)      Développement des inégalités entre ville et campagne

La chute du régime communiste et le passage vers l’économie de marché ont eu pour conséquence une réorganisation sociale profonde. Les catégories de la population active roumaine les plus affectées par ces changements furent les ouvriers, les paysans et les artisans. Dans ces trois groupes nous trouvons des Roms et des Roumains non roms. Pour ces personnes, la perte de leur emploi suite aux restructurations des entreprises d’Etat et au démantèlement des coopératives associée à une absence de protection sociale les a souvent contraint à un retour à la terre.

A partir de 2002[3] le fossé entre ville et campagne va s’accentuer brutalement pour deux raisons :
- la Roumanie, après avoir longtemps cherché une troisième voie[4], rentre dans une phase de privatisation massive, peu régulée, qui entraîne une augmentation des prix de  l’énergie et des biens de consommation tandis que le prix de vente de la production agricole stagne voire diminue,
- l’adhésion à l’UE au 1er janvier 2007 signe la fin du modèle d’agriculture familiale dans lequel s’est réfugiée une grande partie de la population sans emploi. En effet, le respect des nouvelles normes agro-alimentaires entraîne l’impossibilité de vendre aux filières habituelles, en raison des nouveaux standards, des fruits ou des légumes provenant de ces micro-exploitations.

Les campagnes doivent donc trouver de nouvelles stratégies de subsistance sans pouvoir compter sur un Etat qui offre une protection suffisante : pas de véritable allocation et couverture santé. La migration, plus accessible qu’auparavant grâce à la libre circulation, s’impose alors comme une des solutions pour l’amélioration des conditions de vie.

b)     Rôle de l’Union européenne en trompe l’œil

Plutôt que de lutter contre l’apparition de ces nouveaux groupes de population fragilisés, le processus d’adhésion à l’Union européenne, ainsi que la présence d’une forte corruption[5] dans tous les domaines, a surtout renforcé les inégalités sociales via une politique en trompe l’œil dans la plupart des domaines[6]. Pour illustrer notre propos prenons l’exemple de la protection de l’enfance, l’une des conditions phare de l’adhésion.

A la chute du mur, les images des enfants délaissés dans des orphelinats sordides font le tour du monde. De nombreuses fondations étrangères se mobilisent et mettent la pression sur la communauté internationale pour que la Roumanie accepte l’aide et change sa politique de l’enfance. Des programmes, puis des ONG locales sont financés afin d’améliorer les conditions de prise en charge. Dans le cadre du processus d’adhésion, l’Union européenne prend le relais avec des moyens nettement supérieurs. Grâce à la venue d’experts de l’UE, le pays se dote d’institutions de protection de l’enfance devant aboutir à la désinstitutionalisation des enfants dans les orphelinats et à une justice des mineurs. Cette focalisation sur une catégorie d’enfants, et l’amélioration effective des conditions de prise en charge de ces derniers, a masqué la dégradation des conditions de vie des campagnes. L’absence d’une politique de reconversion professionnelle a contribué au développement de l’absentéisme  scolaire. En effet, de nombreuses familles roms des campagnes, ayant perdu leur emploi, ont commencé à retirer leurs enfants de l’école afin que ces dernières participent aux revenus familiaux via de menus travaux. Malgré l’augmentation inquiétante de l’illettrisme, quasi-absent à la chute de Ceausescu, et ses conséquences à moyen et long terme, les politiques du Fond monétaire international et de l’UE à l’égard de la Roumanie se sont concentrées essentiellement sur la réduction des dépenses d’Etat. Concrètement, cela s’est traduit notamment par une réduction du nombre de professeurs, une baisse de leur salaire, une dégradation de l’accès au système de santé… La crise actuelle qui touche la Roumanie amplifie encore davantage ces sorties, car, pour honorer le nouvel accord « stand by »[7] conclu avec le FMI près de 15 000 postes de professeurs, ont été supprimés entre juin et décembre 2010 entraînant la fermeture de nombreuses écoles des villages déjà frappées par les problèmes d’absentéisme.

c)      stratégie de migrations des campagnes et risque d’exploitation des mineurs

Jusqu’aux années 2000, c'est-à-dire avant la suppression des visas courts séjours[8], accéder à l’espace Schengen pour les Roumains roms et non roms issus des campagnes nécessitait une véritable organisation et un solide réseau de connaissances. Certains villages se sont alors organisés autour d’une migration communautaire. Parmi les premiers Certeze (jud. Satu Mare) venus à Nanterre puis en Seine-Saint-Denis, est sans doute le plus connu mais on trouve également Șepreuș (jud. Arad), à l’ouest, d’où viennent les Roms de Montreuil, Borșa et Marginea (jud. Suceava), à l’est,  à Milan, Corod (jud. Galați), au sud-est, à Padoue, Sâmbăta de Sus (Țara Făgărasului), au nord, à Rome et dans la région du Lazio, Dobrotești (jud. Teleorman), au sud, à Coslada, près de Madrid, Drăgășani (jud. Vâlcea), au sud, à Jérusalem…



Ces villages pionniers[9] pour la migration ont pour caractéristiques communes :
-                           une habitude de la mobilité antérieure à la période communiste, pour exporter leur force de travail[10],
-                           un sentiment identitaire fort amenant les villageois à se considérer comme appartenant à une minorité même quand ils ne sont pas Roms.
-                           l’adoption d’une religion différente de l’Orthodoxie qui vient conforter le sentiment « communautaire »,
-                           un conformisme des individus aux stratégies adoptées par le groupe.

Ce type de migration en groupe a représenté et représente une stratégie pouvant conduire  à l’exploitation de mineurs roumains. Le glissement de la migration communautaire à l’exploitation apparaît lorsque des intermédiaires, issus souvent du même village, utilisent des familles vulnérables pour s’enrichir. Le pillage des horodateurs parisiens en 2002 par des mineurs venus de Țara Oașului (dont une grande partie de Certeze) en est une illustration spectaculaire. Après un relatif développement économique et une meilleure information des villageois, cette phase a tendance à s’arrêter, les familles ne voulant plus se soumettre à quelques individus. Chacun reprend alors sa part d’autonomie par rapport au groupe et met en place ses propres stratégies. On passe d’une phase que nous appellerons exploitation collective à une phase d’autonomisation familiale voire individuelle. Les adultes ont trouvé des « patrons », les enfants ont suivi des formations. Au final le groupe villageois va se normaliser et chaque foyer s’insérer aussi bien dans le pays d’origine que de destination. Ce processus de normalisation est malheureusement souvent lourd de conséquence pour ceux qui le vivent. De nombreux adultes connaissent de sérieux problèmes médicaux tandis que beaucoup de jeunes qui n’ont pas réussi leur insertion dans les pays de destination s’installent durablement dans l’errance et les activités de survie en y laissant leur santé physique ou mentale[11].

Entre 2002 et 2007, les facilités d’accès à l’espace Schengen et les difficultés économiques croissantes des populations des campagnes vont inciter de nombreux villageois, notamment roms, à migrer sans connaissances fiables dans les pays d’Europe de l’Ouest. Ces familles arrivent à l’étranger avec de nombreux handicaps à leur insertion :
-                           enfants déscolarisés en Roumanie souvent dès les classes primaires et parents possédant un niveau d’éducation faible,
-                           marché de l’emploi légal extrêmement complexe[12],
-                           structuration de la migration par des compatriotes rendant tous services monnayables pour les personnes ne disposant pas de réseaux familiaux déjà installés,
-                           apparition de systèmes d’emprunt qui rendent des familles prisonnières de certains groupes,
-                           enfin diminution de la protection sociale dans les pays de destination qui entraine plus de dépendance envers des compatriotes déjà installés mais pas toujours bien intentionnés.

Pour faire face à ces difficultés la contribution des enfants est souvent nécessaire. Leur capacité à ramener de l’argent étant souvent plus importante que celle des adultes, notamment quand ces derniers ne réussissent pas à trouver un travail, ils deviennent alors responsables d’une partie importante des revenus familiaux.  Cette situation accroit la pression sur eux et les rend plus vulnérables au risque de « traite des êtres humains ».  


2/ Formes d’exploitation

Si les données présentées plus haut permettent de mieux comprendre les causes générales de l’exploitation des mineurs, il est nécessaire d’affiner l’analyse par les observations de terrain. La pratique nous montre qu’il n’y a pas nécessairement de corrélation mécanique entre les facteurs structurels contribuant à la vulnérabilité des enfants et les mineurs exploités. La réalité est toujours plus complexe et les groupes à risque varient en fonction de la législation, des politiques institutionnelles, des stratégies d’adaptations... Je présenterais ici les situations recensées lors de ma pratique professionnelle entre 2007 et 2009 au sein de l’association Hors la Rue qui chaque année suit près de 250 mineurs dont 80% viennent de Roumanie.

Comme nous allons l’observer, l’exploitation des mineurs touche différents groupes sociaux ne partageant pas nécessairement des caractéristiques communes (comme l’appartenance à un groupe « ethnique » par exemple). Pour être plus concret, nous allons indiquer le nombre de jeunes rencontrés en 2010 en région parisienne et donner quelques éléments contextuels de ces groupes. Ces données correspondent à des mineurs rencontrés et suivis elles demeurent donc partielles.

L’exploitation sexuelle des mineures s’est modifiée entre 2007 et 2010. Si pendant plusieurs années elles concernaient majoritairement des jeunes filles provenant des campagnes de Roumanie, une nouvelle population est apparue. Auparavant, la plupart du temps, les victimes provenaient de familles isolées avec des liens communautaires faibles. Les filles étaient issues de familles roumaines villageoises pauvres ou de familles mixtes roumaines-roms. Le recrutement se faisait essentiellement par la tromperie et/ou la séduction. Le scénario le plus fréquent était un jeune homme qui se mettait en concubinage avec une fille pour pouvoir l’emmener à l’étranger et la prostituer. Parfois certaines mineures confiaient avoir été recrutées par des prostituées « expérimentées » qui ne les trompaient pas nécessairement sur la nature de l’activité mais sur le partage des gains et les conditions de vie. En 2009, seulement 6 mineures avaient été recensées dans la rue par l’association, quelques autres ont été repérées par la Brigade de Protection des mineurs. En 2010, des groupes de filles appartenant à la minorité roms, sont à nouveau apparues sur les boulevards maréchaux. Peu d’information sont disponibles sur elles. Elles proviennent de différentes régions de Roumanie : Arad, Petrosani, Slobozia et semblent tenues par des groupes mafieux utilisant parfois les mères de ces filles pour les surveiller. Cette évolution inquiétante s’explique par l’apparition de groupes mieux organisés, capable de s’adapter à la législation du pays et aux carences de la protection de l’enfance. En effet, lors des contrôles de Police, ces jeunes filles se déclarent toutes majeures afin de sortir du champ de la protection de l’enfance. En 2010, parmi ces filles, une dizaine semblaient être filles mineures, bien qu’il soit difficile de le vérifier.  
Les jeunes garçons, victimes de mendicité forcée ou contraints à se prostituer sont issus majoritairement de familles roms peu qualifiées du sud de la Roumanie. Faiblement intégrées pendant la période communiste, travaillant dans les coopératives agricoles ou sporadiquement dans des fabriques, ces familles se sont retrouvées très rapidement au chômage sans véritable perspective professionnelle en Roumanie d’où le choix de la migration. Pour partir certaines de ces familles ont emprunté de l’argent à des usuriers appelés cămătari. Ces derniers leur ont alors proposées de prendre en charge tous les services liés à la migration : le transport, l’établissement de documents d’identité, le logement dans le pays de destination… La famille qui ne pensait payer que quelques centaines d’euros pour son voyage s’est alors retrouvée, dès son arrivée en France, à devoir rembourser des sommes pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros. Ces cămătari mettent leurs débiteurs sous pression en créant une situation de stress liée à la date de remboursement et à des menaces physiques. Les enfants sont souvent les premières victimes,  obligés de ramener de l’argent par tous les moyens y compris le vol et la  prostitution dès le plus jeune âge. Ce système prend donc la forme d’un réseau d’exploitation sans que les cămătari courent de gros risques car les familles sont volontaires au départ et les menaces demeurent quasi-impossibles à prouver. Par la suite, la majorité des familles finissent par s’affranchir de leur usurier. Cette expérience, malheureusement, n’est pas sans conséquence car elle installe certaines familles dans un fonctionnement où les enfants doivent continuer à rapporter des revenus réguliers. Bien que ce phénomène soit inquiétant il concernait un groupe limité d’enfants, environ une vingtaine, suivi par l’association.

Les adolescents et jeunes adultes pratiquant la prostitution ou le vol comme mode de survie, sans encadrement apparent, sont issus de villages ou de mahale[13] dont une partie importante de la population est migrante. Certains sont mariés et utilisent ce moyen pour entretenir leur jeune famille restée au pays. Plusieurs travaux leur ont été consacrés notamment l’étude Cash Cash[14] sur une trentaine de jeunes ayant leurs activités à la gare de Milan et provenant d’un des quartiers tsiganes de la ville de Craiova. Le processus qui conduit des mineurs migrants à cette activité est relativement connu et détaillé[15]. De manière très schématique le cheminement est le suivant : à son arrivée, le jeune migrant confiant dans ses espoirs de réussite, se confronte à un marché du travail extrêmement concurrentiel et difficile d’accès quelle que soit la voie choisie légale ou illégale. Les autres jeunes présents depuis plus longtemps, vont souvent le « conseiller » sur les activités rémunératrices accessibles. Rapidement, le coût de la vie, les difficultés de logement et quelques expériences négative de travail au noir mal l’obligent à revoir sa stratégie initiale. Plusieurs choix s’offrent alors à lui :
- la mendicité souvent mauvaise pour l’estime de soi (chez les garçons) et peu rémunératrice,
- le vol et les différents petits trafics (rarement souhaités et avec une probabilité élevée de se retrouver en prison),
- la protection de l’enfance, qui reste mal connue (assimilée au foyer contraignant et à l’absence de débouchés après 18 ans),
- la prostitution qui, dans ce contexte, apparaît souvent comme la solution la moins pire par rapport aux autres alternatives et où l’argent semble être plus « facile » à gagner qu’ailleurs...


En 2010, une quarantaine de jeunes dans cette situation ont été rencontrés en région parisienne. Certains ont dit pratiquer cette activité depuis plusieurs années dans différents pays d’Europe passant par un client ou par des associations pour la nourriture, la santé, l’hébergement sans qu’une véritable alternative se dessine.

Les mineurs utilisés pour le vol à la tire, le vol au distributeur automatique de billets et autre, proviennent, la plupart du temps, de petites villes ou de mahale. Ils sont souvent encadrés par des organisations mafieuses étendant leurs activités dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest. Les formes d’embrigadement et les rapports entre l’organisation, les familles et les enfants sont difficiles à connaître, tant la loi du silence est forte. L’appartenance à un quartier délaissé par les autorités, souvent isolé du reste de la ville, ainsi qu’une organisation communautaire stricte sont généralement la règle. Les groupes rencontrés en région parisienne viennent du sud de la Roumanie, d’une petite ville appelée Tanderei, avec des activités similaires en Espagne et au Royaume Uni. En 2010, bien que ce groupe a constitué un nombre important de déferrements au Parquet des mineurs de Paris, près de 300, leur nombre réel est estimé à une cinquantaine de mineurs.  .

La traite des mineurs est loin de se limiter à une réalité univoque qui impliquerait nécessairement un réseau ou une organisation précise. Pour certains jeunes roumains, rencontrés en région parisienne qui se prostituent, il n’existe pas nécessairement d’encadrement. Cette stratégie fait suite à l’impossibilité de s’insérer professionnellement en Europe de l’Ouest… Ces jeunes « bricolent » leur survie économique en naviguant entre l’absence d’une qualification, l’insuffisance des salaires en Roumanie permettant l’entretien d’une famille, et les barrières administratives empêchant l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi. 

3/ Traitement des pouvoirs publics français et stratégies d’autonomisation des intéressés

On le voit les mineurs exploités regroupent des réalités très diverses. Ni la région de provenance, ni l’activité, ni l’âge, ni les conditions socio-économiques de la famille ne peuvent être retenus comme critères déterminants conditionnant l’exploitation. L’explication culturelle sur la difficulté des Roms à s’intégrer relève bien d’un discours idéologique servant à masquer une politique d’accroissement des inégalités. En effet, la « question rom » fait son apparition lorsque certains groupes roms ou non roms[16] mais assimilés comme tel dans le discours, n’arrivent pas à s’insérer sur le marché du travail et du logement. Leur présence devient alors plus visible pour l’opinion publique, des sujets médiatiques sur des groupes ayant des activités illégales apparaissent. Les institutions prônent alors un traitement spécifique de cette « population » sans distinction des situations individuelles. Dans ce contexte l’exploitation des mineurs devient un « trait culturel rom » dont il est facile de déclarer son impuissance à lutter contre pour mieux légitimer le renvoi de ces populations et les actions spectaculaires qui vont de pair.

Ce discours bien rodé qui réapparait en fonction des nécessités politiques du moment n’est malheureusement pas sans conséquence sur la protection des mineurs. Bien que dans les textes les critères liés à la nationalité, la situation administrative ne doit pas influencer le mode de prise en charge en pratique, les mineurs roms semblent être exclus du système de protection. Une étude du collectif Romeurope[17] sur la scolarisation des enfants roms en France indique qu’à peine 10% d’entre eux vont à l’école malgré son caractère obligatoire. Les principales raisons sont liées aux refus des mairies d’inscrire ces enfants en classe de peur que s’installe un camp sur leur commune[18]. Concernant les mineurs en situation de traite, il est étonnant de constater l’absence d’un dispositif de protection au niveau national[19] alors qu’il existe pour les adultes depuis 2002[20]. Les raisons viennent peut-être du fait que seule l’exploitation sexuelle des jeunes filles suscite la mobilisation. Les autres formes de traite : prostitution masculine, vol forcé, pickpocket, mendicité pourtant plus importante quantitativement comme nous l’avons vu au travers de l’exemple parisien, ne sont pas prises en compte et requalifiées en « petite délinquance ». Le traitement social des mineurs exploités venant de l’est aboutit donc à considérer deux catégories de mineurs exploités, d’un côté « les vraies » victimes : les jeunes filles contraintes à la prostitution et de l’autre les délinquants.

Face à l’absence de prise en charge adaptée les intéressés vont mettre en place des stratégies de « sorties » : 

L’autonomisation via le groupe des pairs. Cette stratégie est commune aux mineurs qui pendant plusieurs années ont pratiqué des activités de vol ou de prostitution soit avant leur départ à l’étranger, soit à leur arrivée dans les pays de destination. Au fur et à mesure de leur parcours migratoire ces jeunes coupent les liens avec leur famille, les institutions (école, protection de l’enfance), et s’allient avec des compatriotes, rencontrés la plupart du temps dans les pays de destination,  pratiquant les même activités. Ces jeunes reconstituent alors un système qui leur est propre pour le logement, la nourriture et les activités rémunératrices mais précaires car très peu stable. En fonction des opportunités et des rencontres, ils sont amenés à se déplacer d’un pays à l’autre. Après plusieurs années de ce fonctionnement, beaucoup rencontrent de graves problèmes de santé. Une partie continue leur carrière dans l’errance en alternant délinquance et séjours en prison[21]. D’autres tentent de sortir, souvent en se rapprochant des institutions pour régler des problèmes de santé ou en renouant des liens communautaires à travers un mariage et/ou des enfants.

L’autonomisation via le groupe de compatriotes. Il s’agit ici de jeunes migrants qui ont réussi à se constituer un réseau local de connaissances, pas forcément très important,  mais suffisamment pour pouvoir se placer en tant qu’intermédiaire et profiter de cette position pour obtenir une rémunération. Cela peut aller, de la « location » d’un squat à d’autres compatriotes, de la mise en relation avec des patrons, de la délivrance d’adresses pour des services sociaux. Avec les années, ces activités se développent plus ou moins dans la légalité via un travail saisonnier[22] chez des patrons locaux, l’achat d’un minibus pour transporter des personnes, la création d’une entreprise de bâtiment… ou basculent dans l’exploitation de compatriotes en « louant » des terrains à plusieurs dizaine de familles, en recrutant pour des patrons de la main d’œuvre à bas coût, en prêtant de l’argent à des taux usuraires…

L’autonomisation via l’insertion dans le pays de destination. Il s’agit de mineurs à risque d’exploitation, ayant accédé rapidement à une formation dans le pays de destination[23]. Ces derniers se comportent alors comme la très grande majorité des migrants en décidant de travailler dans le pays de destination ou de monter une affaire tout en envoyant de l’argent à leurs proches.

Retour en Roumanie. Pour une partie des jeunes, la désillusion quant aux perspectives à l’étranger, la maladie ou le décès d’un proche les décident à rentrer en Roumanie. En fonction des perspectives de réintégration du système roumain (scolarité, accès à l’emploi) et de la situation familiale, le jeune va reporter ou non son projet migratoire. Beaucoup choisissent à terme un rythme saisonnier alternant les périodes à l’étranger pour « faire de l’argent » et en Roumanie pour « être avec la famille ».

Quant aux filles victimes d’exploitation sexuelle, elles peuvent opter pour la stratégie d’autonomisation via le groupe de compatriotes mais sur un mode limité en prenant une position plus dominante dans le réseau (encadrement d’autres filles). La véritable sortie de réseau passe souvent par une protection, via une institution, permettant une insertion dans le pays de destination ou d’origine.



Encadré
Contrairement à une image largement véhiculée, les mineurs roumains ne sont pas les seuls enfants exploités.

L’exemple des pickpockets du métro parisien
Depuis de nombreuses années, les services de protection de l’enfance, les juges pour enfants, les associations, le parquet des mineurs, la Brigade de protection des mineurs (BPM), la brigade des transports sont confrontés à des jeunes pickpockets dans le métro parisien. La majorité est constituée de jeunes filles provenant de Bosnie-Herzégovine qui utilisent l’alias « Hamidović ».  Bien que très peu d’informations soient disponibles à leur sujet ces mineurs semblent avoir été formés très jeunes à un discours et à des stratégies comme : le refus de donner leurs empreintes digitales, le refus d’examen osseux. Le choix des jeunes filles et le degré d’embrigadement démontrent une bonne connaissance des législations nationales, des contraintes des services de protection de l’enfance et des enquêteurs et laisse à penser que derrière ces apparentes « voleuses » se cachent des enfants tenue par une organisation criminelle. A partir de 2007, comme l’a indiqué le Procureur de la République, M.Marin, lors d’une conférence de presse, une enquête a été ouverte et a permis en décembre 2010, d’arrêter une partie des membres de l’organisation. Parmi les chefs d’accusation retenus la traite des êtres humains, le viol, les actes de tortures et de barbarie furent mentionnés. Malgré l’ensemble de ces éléments, lors de l’arrestation des chefs mafieux, aucun de ces mineurs a été appréhendés afin d’être protégés. A l’heure actuelle, ils continuent encore d’être exploités au travers de la même activité. Leur nombre autour d’une cinquantaine est constant comme si rien ne s’était passé. Lorsqu’ils sont déférés leur statut de victimes continu à être nié, seul le caractère délinquant est retenu !  L’argument qui justifie l’absence de protection est lié à leur refus systématique du foyer ou de la famille d’accueil. Si cet aspect est bien réel et peut être décourageant pour les services concernés il ne faut pas nécessairement le voir comme un choix, liée à « une envie de liberté », mais comme une stratégie imposée par le réseau. Partant de ce principe, c’est justement quand ce dernier est désorganisé et que la pression exercée sur les mineurs s’est relâchée qu’il faut tout mettre en œuvre pour les extirper. Un début de coopération entre police, justice et association a commencé espérons que ces initiatives se poursuivent sans que la finalité, protéger les victimes, soit dévoyée.

Des solutions qui marchent
Au cours des sept dernières années, plusieurs mineures victimes d’exploitation sexuelle ont pu être protégées et se sont ensuite insérées.  Les situations évoquées concernent des jeunes roumaines cependant d’autres exemples parmi des mineures nigérianes pourraient être cités. L’exploitation sexuelle des mineures est loin d’être homogène. Dans certains cas la famille est partie prenante, dans d’autres il s’avère que c’est le petit ami qui s’est transformé en proxénète... Il existe des formes « artisanales » avec quelques filles et à l’opposé des réseaux très structurés développant leur activité sur plusieurs pays. Les filles qui ont pu s’échapper ne proviennent pas d’un type d’organisation en particulier. En revanche, les sénarii de sorties sont assez semblables :
-          une interpellation rapide d’un service de police sur le lieu de prostitution et un éloignement dans un délais court (48 h) dans une famille d’accueil ou un foyer.
-          un travail d’accroche par une association pouvant durer plusieurs mois et un éloignement par étape vers un lieu d’accueil généraliste.  

Si ces situations sont peu nombreuses et ne permettent pas de tirer des enseignements très précis elles ont en commun deux aspects essentiels :
-          Le fait que ces jeunes filles étaient en danger et devaient être éloignées n’a pas eu besoin d’être démontré quelque soit le type d’organisation. Ceci a grandement contribué à accélérer l’éloignement.
-          Le choix de structures généralistes et le fait de ne pas avoir été désigné uniquement comme victime. Certes, il s’agit d’une solution par défaut car il n’existe pas de structures spécialisées pour les mineurs victime mais cela a sûrement facilité leur capacité à rebondir et à s’insérer.
Si à ma connaissance, aucune étude spécifique sur l’insertion de ces mineures a été menée, l’expérience du dispositif AcSé[24] confirme la pertinence de l’éloignement et des lieux d’accueil généralistes. Ces exemples qui gagneraient à être davantage étudiés et être parfois nuancés plaident cependant pour une reconnaissance des victimes dès l’interpellation, le maintien de structures généralistes accueillant des jeunes aux problématiques variées et un personnel mieux formé sur la TEH.

Conclusion

A travers cet article le lecteur comprendra que la lutte contre la traite des mineurs n’est pas une fatalité et demande de s’intéresser davantage aux causes de ce phénomène. Les principales réponses se trouvent dans le champ politique et sont souvent moins complexes qu’il n’y parait. En effet, si l’on prend les jeunes roumains en situation d’exploitation à Paris, une partie importante n’est pas tenue par une mafia ou un réseau. Parmi les adolescents qui se prostituent, la sortie précoce du système de scolarisation, l’impossibilité à s’insérer sur le marché du travail et une relative impunité des clients sont les principales causes de la traite sur lesquelles il ne semble pas si compliqué d’agir. De même, les familles migrantes roumaines qui mettent leurs enfants à contribution pour rembourser des dettes ou tout simplement faire face au coût de la vie n’ont pas vocation à rester définitivement dans cette pratique. Il s’agit d’une étape dans le processus migratoire plus ou moins longue en fonction des possibilités d’insertion économique dans le pays d’accueil. L’exemple de la migration des Roms de Yougoslavie de 1960 à 1990 l’illustre bien. Les petits « Yougos » présentés à l’époque comme victimes d’un système culturel ancestral n’existent plus pour l’opinion publique. La raison est que ces familles, après une période d’adaptation parfois chaotique, ayant pu générer des situations de TEH,  ce sont, dans leur grande majorité, insérées professionnellement. Au vu de ces exemples, supprimer en France les barrières d’accès au marché de l’emploi pour les Roumains et les Bulgares comme cela est déjà le cas dans plus de la moitié des pays européens s’impose comme un préalable pour commencer à lutter contre les causes de l’exploitation des mineurs.

Si nous abordons les cas les plus extrêmes, c’est-à-dire des enfants tenus par une organisation et sommés de ramener chaque jour une somme d’argent, là encore, des réponses dans le champ de la protection de l’enfance peuvent être apportées. L’éloignement dans des foyers avec des équipes éducatives formées peut fonctionner. Un projet pilote avec les principales autorités concernées est d’ailleurs en cours. Cependant, l’identification des victimes demeure problématique tant en raison d’un maque de formation des professionnels sur cette question que par l’absence de moyens et de solutions concrètes pour y faire face.   

Bien d’autres exemples peuvent être donnés qui montrent, en creux, le manque de volonté des Etats à agir réellement. Ces initiatives mériteraient pourtant d’être tentées et ne doivent pas êtres sous-estimées car leur impact pour les victimes est souvent cruciale. Cependant, la véritable lutte contre ce phénomène nécessiterait, non pas des programmes ciblés pour « favoriser l’inclusion des Roms » ou des campagnes de communication pour « prévenir la TEH » mais bien un changement de politique économique qui tienne davantage compte d’une protection sociale minimale, d’un accès à l’éducation facilité et d’une aide à la reconversion professionnelle. Les mesures imposées par l’UE et le FMI à l’égard de la Roumanie pour 2010-2011 vont malheureusement dans le sens opposé tout en expliquant que l’intégration des Roms demeure une priorité. 



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Diminescu Dana, Visibles mais peu nombreux, les circulations migratoires roumaines, Ed. Maison des sciences de l’homme, 2003, Paris.

Durandin (Catherine), Histoire des Roumains, Fayard, Paris, 1995, p288.
Mihail Dumitru, Dana Diminesc, Valentin Lazea, Dezvoltarea rurală şi reforma agriculturii româneşti, Avril 2004, http://www.cerope.ro/pub/study54ro.htm.
Hirchhausen (von Béatrice), Les nouvelles campagnes roumaines, paradoxe d’un retour paysan, Belin, Paris, 1997, p239

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Revues :

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Berman J. « (Un)popular strangers and crises (un) bounded : discourses of sex-trafficking, the European political community and the panicked state of the modern State »
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Etudes :

« Que sont-ils devenus ? », étude du Credoc coordonnée par R.Bigot, portant sur 100 jeunes passés par l’association Hors la Rue et l’ASE de Paris, 2006

« Que sont-ils devenus ? suite » étude portant sur les jeunes venus en France et retournés en Roumanie, Credoc, Paris, 2009.

Scolarisation des enfants roms en France, Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation www.romeurope.org, Paris, 2010

L’Errance et la prostitution des mineurs et des jeunes majeurs migrants dans l’espace de l’Union européenne, Mai, N. 2007, Londres http://research-units/iset/wps/wps_home.cfm

Cash Cash : Young Roma and Strategies for Social Prestige, Massimo Conte, Andrea Rampini et Oana Marcu, 2009

Rapports :

Accord Stand-by octobre 2001-Mars 2003 Romania – FMI paragraphe 38.

Accord Stand-by mai 2009 Romania – FMI

Les coûts et les bénéfices de l’adhésion, Institut européen de Roumanie, janvier 2002.

Porumb Alina, (et alii), Rewiew of Donor Support for the NGO Sector in Romania, Princess Margarita Romanian Fondation, Bucarest, 2001.

Programul de guvernare Memorandum cu privire la politici economice si financiare ale guvernului convenit cu FMI, Document BNS, www.bns.ro, 2001.

La traite et l’exploitation des êtres humains en France, étude de la CNDH, la documentation française, Paris, 2010.





[1] Chaque année, cette association rencontre entre 250 et 300 mineurs des pays de l’est, en région parisienne dont une partie se trouve en situation de TEH. Pour plus d’informations www.horslarue.org
[2] le protocole additionnel à la Convention contre la criminalité transnationale organisée dit « protocole de Palerme » adopté par les Nations Unies en décembre 2000, le protocole facultatif à la convention internationale relative aux droits des enfants (CIDE) adopté par les Nations Unies en mai 2000 portant essentiellement sur la vente, la prostitution et la pornographie des mineurs, la convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains dit « convention de Varsovie » adoptée en mai 2005.
[3] Pendant près de 10 ans la Roumanie a cherché une troisième voie entre économie planifiée et économie de marché, les restructurations dans des secteurs comme l’énergie n’ont démarré qu’au début des années 2000 à la différence de pays comme la Pologne ou la République Tchèque.
[4] Théorisée par I.Ilescu deux fois président de la Roumanie de 1990 à 2000.
[5] Voir le rapport de Transparency international 2007 sur la Roumanie et la Bulgarie ainsi que l’étude de la banque mondiale 2007 sur l’évaluation des pots de vin dans le système de santé roumain estimée à 300 millions
d’euros par an !
[6] L’article d’Alexandra Nacu, In Etudes tsiganes, n°38, « Un double langage : les usages du politiquement correct dans les programmes destinés aux Roms en Roumanie et en Bulgarie » est particulièrement intéressant pour comprendre les choix économiques « de rigueur » et les raisons des échecs des programmes destinés aux roms.
[7] L'accord "stand by" précise le montant qu'un pays peut emprunter, la durée et les conditions. Sur ce dernier point les contreparties sont principalement des injonctions à diminuer les dépenses de l’Etat en réduisant le nombre des fonctionnaires et les dépenses sociales.  
[8] 1er janvier 2001
[9] Voir les travaux de Dana Diminescu, notamment dans l’ouvrage collectif, Visibles mais peu nombreux, les circulations migratoires roumaines, Ed. Maison des sciences de l’homme, 2003, Paris.
[10] Sur cette question voir « De l'Est à l'Ouest - Chronologie et typologie des migrations tsiganes en Europe (du XVème siècle jusqu'à présent)", p.10-25, Elena Marushiakova et Veselin Popov in Revue n°27-28 p.10-25 ainsi que les travaux d’Alain Reyniers "La troisième migration" In Revue d’étude tsigane n°1, p.60-68.
[11]  Voir sur cette question les travaux de Dana Diminescu : http://www.namediffusion.net/txtdana/mobilite 02.html
[12] En France, l’accès à l’emploi pour les Roumains et les Bulgares fait l’objet de restrictions pendant la période transitoire dans laquelle se trouvent ces deux pays. En pratique, malgré une liste de métiers dits « en tension » la procédure pour une embauche légale reste longue, compliquée et variable d’un département à l’autre. 
[13] Nom d’origine turc qui désigne en roumain et en bulgare les faubourgs où les populations des campagnes roms et non roms sont venues s’installer pour tenter leur chance. Actuellement cela désigne surtout des quartiers tsiganes en périphérie des grandes villes.
[15] Mai, N. (2007) L’Errance et la prostitution des mineurs et des jeunes majeurs migrants dans l’espace de l’Union européenne, http://research-units/iset/wps/wps_home.cfm

[16] Les « pilleurs d’horodateurs » parisiens de 2002 dont nous avons parlé précédemment ne sont pas roms bien que souvent décrits comme tel.
[17] Voir l’étude sur la scolarisation des enfants roms sur www.romeurope.org
[18] Le prétexte le plus couramment invoqué pour contourner l’obligation scolaire est l’absence de places disponibles.
[19] Il faut noter qu’en 2011, un projet expérimental sur la région parisienne s’est mis en place réunissant Justice, Intérieur, Aide sociale à l’enfance et l’association.  Cela représente un début de solution.  
[20] Réseau AcSé (accueil sécurisé) coordonné par l’association ALC Nice http://www.sosfemmes.com/sexwork/sexwork_acse.htm
[21] Cf étude Cash cash
[22] Beaucoup de jeunes ayant appris la langue et trouvé un travail chez des « patrons » pendant leur séjour optent, après avoir fondé leur famille, pour un rythme saisonnier. Ce système offre de nombreux avantage car les enfants peuvent suivre une scolarité normale au pays et les gains à l’étranger restent supérieurs aux possibilités en Roumanie.
[23] « Que sont-ils devenus ? », étude du Credoc coordonnée par R.Bigot, portant sur 100 jeunes passés par l’association Hors la Rue et l’ASE de Paris. Les résultats pour les jeunes ayant accepté le placement sont très encourageants car la grande majorité renonce aux activités dangereuses ou délinquantes qu’ils pratiquaient avant et obtiennent des qualifications professionnelles dans plus de 90% des cas.
[24] Dispositif d’éloignement pour les Majeurs victimes de TEH géré par l’ALC Nice, http://www.acse-alc.org/